Quel est l’intérêt de la rééducation osseuse, que peuvent même vouloir dire des termes tels que conscience osseuse ?

Il s’agit cependant d’un aspect essentiel de la rééducation, souvent sous-estimé ou tout simplement ignoré : en voici quelques-uns des grands principes.

Pour comprendre ces notions, il faut d’abord intégrer la nécessité d’une collaboration étroite entre notre cerveau gauche, analytique, que nous employons largement pour comprendre des situations du point de vue intellectuel, et notre cerveau droit, plus tourné vers l’intégration des sensations, souvent sous-utilisé dans notre fonctionnement du fait de notre éducation et mode de vie.
L’os, notre squelette est notre structure de base par excellence : sans squelette, pas de station debout possible, pas de mouvement possible, sans l’interaction entre les muscles et nos os : on voit trop l’importance en premier lieu de la musculature dans un mouvement en négligent ce support intelligent et indispensable qu’est notre squelette. Encore faut-il développer les sensations intérieures qui permettent d’en prendre conscience.

Comme l’a si bien dit Marcel Jousse : « Le péché originel de notre civilisation de style écrit, est de se croire « La Civilisation »par excellence. Au lieu de rétrécir le champ d'observation sur la lettre morte des textes, il faut développerune méthodologie basée sur la prise de conscience d'un outil vivant, le geste humain.Pour bien se connaître, il faut bien s'observer. Le vrai laboratoire, est un observatoire de soi même, et s’est un durlabeur que d'apprendreà se voir. Cet outil s'élabore instinctivement en chacun de nous, et s'affine au fur et à mesure que nous prenons une plus claire conscience.
.. Il faut donc créer des laboratoires de prise de conscience. »

Pour comprendre que l'os est le support du mouvement, il faut d'abord se tourner vers les anthropologues: cette discipline a bien montré que c’est de la fonction que découle la forme : intuitivement, il est facile de le constater en observant des squelettes : ceux-ci donnent une idée des fonctions principales de l’animal correspondant : ainsi, un squelette de poisson évoque immédiatement la nage, un squelette d’oiseau le vol, celui d’un alligator la reptation etc… Que dire de tous les renseignements que tirent les anthropologues d’un fragment d’os ayant appartenu à un être vivant disparu depuis longtemps : animal bi ou quadrupède, végétarien ou carnivore, vivant en savane ou en forêt…Et ce par la seule étude de la forme précise des os, leurs torsions, leurs apophyses, leur caractère grêle ou massif, long ou court… : Les os sous-tendent donc une fonction précise.
La forme de l’os est influencée par les muscles qui s’y attachent et leur type de fonctionnement : l’analyse du squelette permet donc de retracer les caractéristiques et l'évolution des espèces avec leur déterminisme.

chirrurgien colonne vertébrale

D’un point de vue pratique,comment mieux comprendre les fonctions fines de notre squelette : tout d’abord en regardant avec attention des livres précis sur l’anatomie en observant des squelettes, en jouant avec leurs formes dans nos mains qui s’imprègnent de sensations plus précises et que l’on peut transposer sur ses propres os, grâce à une palpation attentive du modèle, puis la palpation de nos propres os dont la plupart sont accessibles au moins en partie à l’exploration de nos doigts. Les tapotements, vibrations font résonner les os et sont un moyen très efficace de mieux les sentir, la marche pieds nus permet avec un peu d’habitude de sentir ces résonances de la tête au pied.Se rendre compte que tous nos os ont une torsion que l’on peut ressentir, affiner, favoriser par certains exercices simples, et que de cette remise en torsion physiologique du squelette naissent des gestes beaucoup plus faciles et puissants en même temps, sans forcer.

De façon progressive, on se surprend à sentir son squelette, et du coup, sentir la décontraction automatique de muscles jusqu’alors très tendus, faute d’une conscience osseuse suffisante. On se surprend à effectuer des gestes avec une facilité que l’on ne se connaissait pas, une légèreté et une précision guidée par une meilleure proprioception osseuse, c’est-à-dire des sensations fines en provenance de notre squelette : un univers de sensations nouvelles s’ouvre à nous !

Notre corps devient même le terrain de sensations agréables guidées par la rééducation régulière et le thérapeute corporel spécialisé.
Encore faut-il s’astreindre un peu, sous sa houlette bienveillante à faire ses gammes régulièrement, c’est-à-dire ses exercices corporels, comme lorsque on apprend à jouer d’un instrument de musique…Ce n’est qu’au fur et à mesure que l’on retire le plaisir de s’investir un peu, avec un merveilleux outil et compagnon : notre propre corps…