Pour comprendre que l'os est le support du mouvement, il faut d'abord se tourner vers les anthropologues: cette discipline a bien montré que c’est de la fonction que découle la forme : intuitivement, il est facile de le constater en observant des squelettes : ceux-ci donnent une idée des fonctions principales de l’animal correspondant : ainsi, un squelette de poisson évoque immédiatement la nage, un squelette d’oiseau le vol, celui d’un alligator la reptation etc… Que dire de tous les renseignements que tirent les anthropologues d’un fragment d’os ayant appartenu à un être vivant disparu depuis longtemps : animal bi ou quadrupède, végétarien ou carnivore, vivant en savane ou en forêt…Et ce par la seule étude de la forme précise des os, leurs torsions, leurs apophyses, leur caractère grêle ou massif, long ou court… : Les os sous-tendent donc une fonction précise.
La forme de l’os est influencée par les muscles qui s’y attachent et leur type de fonctionnement : l’analyse du squelette permet donc de retracer les caractéristiques et l'évolution des espèces avec leur déterminisme.
D’un point de vue pratique,comment mieux comprendre les fonctions fines de notre squelette : tout d’abord en regardant avec attention des livres précis sur l’anatomie en observant des squelettes, en jouant avec leurs formes dans nos mains qui s’imprègnent de sensations plus précises et que l’on peut transposer sur ses propres os, grâce à une palpation attentive du modèle, puis la palpation de nos propres os dont la plupart sont accessibles au moins en partie à l’exploration de nos doigts. Les tapotements, vibrations font résonner les os et sont un moyen très efficace de mieux les sentir, la marche pieds nus permet avec un peu d’habitude de sentir ces résonances de la tête au pied.Se rendre compte que tous nos os ont une torsion que l’on peut ressentir, affiner, favoriser par certains exercices simples, et que de cette remise en torsion physiologique du squelette naissent des gestes beaucoup plus faciles et puissants en même temps, sans forcer.
De façon progressive, on se surprend à sentir son squelette, et du coup, sentir la décontraction automatique de muscles jusqu’alors très tendus, faute d’une conscience osseuse suffisante. On se surprend à effectuer des gestes avec une facilité que l’on ne se connaissait pas, une légèreté et une précision guidée par une meilleure proprioception osseuse, c’est-à-dire des sensations fines en provenance de notre squelette : un univers de sensations nouvelles s’ouvre à nous !
Notre corps devient même le terrain de sensations agréables guidées par la rééducation régulière et le thérapeute corporel spécialisé.
Encore faut-il s’astreindre un peu, sous sa houlette bienveillante à faire ses gammes régulièrement, c’est-à-dire ses exercices corporels, comme lorsque on apprend à jouer d’un instrument de musique…Ce n’est qu’au fur et à mesure que l’on retire le plaisir de s’investir un peu, avec un merveilleux outil et compagnon : notre propre corps…